Définition et enjeux

Construction et herméneutique d'une économie de la puissance humaine

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Austérité, salaire et valeur

Prix : 100 €
Consommations intermédiaires 80 € Valeur ajoutée 20 €
C.I. 80 €
Investissements
5 €
Dividendes
5 €
Salaires socialisés 5 € Sal. individ. 5 €
Voir (1)

Les salaires sociaux disparaissent au profit des dividendes au nom de la compétitivité
C.I. 80 €
Investissements
5 €
Dividendes 10 € Sal. ind. 5 €
Voir (2)

Sous la pression du chômage, les salaires individuels se réduisent fortement
C.I. 80 €
Investissements
5 €
Dividendes 12 €
S.I.
3 €
Voir (3) La demande baisse, les prix baissent sous la pression de la concurrence


C.I. 64 € Inv, 4 € Dividendes 4 €
S.I.
3 €





Prix : 75 €
Fig. 1


Explications du dessin:



(1) C'est la structure de la valeur ajoutée telle que nous l'avons connue. Une partie part en profit (dividendes et investissement) et une partie part en salaire (socialisés et directs).



(2) Depuis quarante ans, les salaires socialisés et les impôts, les salaires des fonctionnaires, sont régulièrement sapés, diminués, marginalisés avec l'étonnante complicité des syndicats. Cette diminution ne profite absolument pas aux salaires individuels, aux salaires directs ni aux investissements: ce sont les dividendes qui ont augmenté.



(3) La diminution des salaires socialisés a permis d'embaucher les nouveaux travailleurs avec des conditions de travail dégradées, avec des salaires directs amoindris. La diminution de la masse salariale globale n'a pas profité aux investissements mais exclusivement aux dividendes, une fois encore.



(4) Mais les entreprises sont soumises à une concurrence acharnée. Les clients-travailleurs sont rincés puisque les salaires directs et socialisés ont diminué. Les entreprises doivent donc réduire leur prix si elles ne veulent pas disparaître. La baisse des prix diminue les dividendes et, une fois que les prix sont baissés (disons d'un quart), les consommations intermédiaires et les investissements sont eux aussi diminués puisque les prix des marchandises achetées comme investissements ou comme consommations intermédiaires ont baissé globalement.


Proposition 2
L'austérité diminue la valeur ajoutée et les salaires.
Proposition 3
La baisse des salaires provoque une crise de surproduction.

La baisse générale des prix est ce qu'on appelle une déflation. C'est une catastrophe économique qui fait exploser le chômage et les dettes. Il n’y a plus d’acheteur : comme les salaires baissent en valeur absolue et en proportion dans la valeur ajoutée, les salariés-clients compriment leurs dépenses faute de revenu, ce qui, au niveau macro-économique, effondre la demande. Le PIB, la somme de toutes les valeurs ajoutées nationales, diminue. Les carnets de commande des entreprises demeurent vides puisque les clients n'ont plus de salaire à dépenser. Face à l'absence de commande, les entreprises vont licencier leur personnel et accentuer les effets cycliques : comme le faisait remarquer Frédéric Lordon3, les entreprises embauchent quand elles ont un carnet de commande, pas quand elles ont de l'argent.

Note 1. le PIB

Le PIB est l'ensemble de la valeur ajoutée créée à l'échelle d'un pays. La valeur ajoutée intègre la valeur créée par n'importe quelle activité économique, qu'il s'agisse de drogue, d'industrie du loisir, qu'il s'agisse d'industrie ou de services. Le PIB omet d'intégrer les dégâts causés par la création de valeur économique à la valeur d'usage. Si une entreprise empoisonne une riante vallée pour produire de la valeur, la seule mesure du PIB n'intégrera que la cette production de valeur économique sans tenir compte des coûts environnementaux et humains de cette production. En tant qu'indicateur économique, le PIB est donc à prendre avec énormément de précautions. Récemment, d'ailleurs, pour gommer les effets dépressifs des politiques d'austérité en gonflant artificiellement le PIB, sa mesure a été modifiée : aux États-Unis, on a considéré la recherche et le développement comme des investissements (alors qu’ils avaient été considérés comme des dépenses intermédiaires) et, en Europe, l'économie illégale est en passe d'être intégrée dans le calcul du PIB.



Mais la notion de PIB a ceci d'intéressant qu'elle concentre la réflexion sur la production de valeur et non sur la production de biens et de services. On notera, par exemple, que, depuis la fin de la seconde guerre mondiale, l'agriculture européenne a pour ainsi dire disparu comme productrice de PIB alors que, quantitativement (mais pas qualitativement, nous sommes bien d'accord), elle a augmenté ses volumes.



Cette façon de voir les choses ouvre une brèche pour évaluer la valeur ajoutée créée hors emploi (par salaires socialisés ou par qualification à la personne) et pour dévaloriser ce qui est produit en masse, à bas prix.