Définition et enjeux

Construction et herméneutique d'une économie de la puissance humaine

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La construction du moi, l'économie psychique


Au terme de notre parcours, nous en venons à penser la construction des cadres de pensée humains. C'est parce que nous nous sommes senti comme perdu dans un champ de ruines que nous avons voulu penser les rapports à l'acte qui nous avaient exilé de l'être. Nous ne sommes en rien une exception – notre exil est on ne peut plus commun. Nous sommes exilés de notre être, de notre libre-arbitre, de notre volonté. Nous ne décidons pas comment nous vivons, ce que nous vivons : l'aiguillon de la nécessité façonne tous nos actes. Nous ne décidons pas ce qui est produit, pourquoi et comment, nous ne décidons pas à qui va le fruit du travail réel, à quoi il va être consacré – et, en perdant cette faculté fondamentale de poser un acte, nous sommes envoyés en exil de notre existence – nous ne décidons pas de la valeur économique et du mode de création de la valeur économique.

Alors on s'occupe de nous. On nous explique que l'économie fonctionne d'une façon naturelle, qu'il est donc naturel que nous soyons comme des mineurs, spectateurs passifs et impuissants de nos vies (impuissants à tel point qu'on se surprend à se rêver en êtres de pouvoir). Nous attendons que la vie passe. Quand nous étudions, nous nous disons que ce n'est qu'une phase avant la vraie vie, quand nous travaillons enfin, nous patientons dans un job qui ne correspond ni à nos aspirations, ni à nos qualifications – nous patientons en obéissant au N+1, au contremaître, au chef, aux actionnaires – parfois nous chômons, ce qui nous offre l'opportunité de goûter à un temps qui est nôtre, mais nous attendons alors que la vraie vie ne recommence sous la tutelle d'un employeur. Nous attendons toute notre vie de pouvoir décider, de pouvoir devenir, de ne plus rendre de comptes, nous attendons jusqu'à ce que l'âge ou la maladie nous rattrapent et nous constatons alors, sur nos organismes affaiblis, que la soif, que le besoin de liberté ont été à peine ébréchés par l'interminable claustration. La source coule toujours et c'est à cette source que le malaise du siècle (et du précédent et de celui avant), que le mal d'être soi, que le mal de ne pas être soi peut trouver son antidote.