Définition et enjeux

Construction et herméneutique d'une économie de la puissance humaine

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Note 22. Le marché et le capitalisme


Le fétiche de la plus-value

Le fétichisme de la marchandise voile la logique capitaliste par excellence en tant que fétiche. Quand il se produit des marchandises dans la logique capitaliste, pour Marx, la marchandise initiale M devient une autre marchandise M' via le capital.

(5.1)

M-C-C'-M'

avec M=la valeur des marchandises initiales (en termes comptables, les consommations intermédiaires, ce qu'il faut acheter pour produire)

avec C=la valeur du capital investi (salaire et investissements)

avec C'=la valeur du capital après le travail (la différence entre C et C', est la valeur ajoutée, produite exclusivement par les travailleurs, hors emploi et dans l'emploi)

avec M'=la valeur des nouvelles marchandises qui réalisent C', que le capital constitué permet d'acheter.
Le principe de cette équation, de ce mouvement de la marchandise, c'est l'accumulation. Nous l'avons vu, l'accumulation s'inscrit dans une logique exponentielle, c'est une arnaque type pyramide de Ponzi. C'est cette logique de l’appât du gain que la marchandise voile.

Pour autant, il nous faut distinguer la logique de la marchandise et celle du capitalisme du marché. Le marché est l'ensemble des biens et des services, des productions économiques qui ont un prix. Tous les biens et les services qui ont un prix ne sont pas nécessairement produits de manière capitaliste.

La logique capitaliste repose sur quatre institutions selon l'économiste Bernard Friot. Ces quatre institutions déterminent le caractère capitaliste de la production économique alors que les prix déterminent le caractère mercantile de la production économique. Le fait d'être soumis à un marché, le fait que les marchandises soient liées à des prix n'implique pas nécessairement une production capitaliste.

Les quatre institutions capitalistes

1. La propriété lucrative des moyens de production permet aux actionnaires ou aux créanciers de s'accaparer les fruits du travail des employés, ils s'attribuent aussi bien les dividendes que la gestion des investissements - tous produits par le travail des employés et des hors emploi.

2. La convention du travail capitaliste mesure la valeur produite par le travail en se référant à la mesure de la quantité de temps. Ceci marque profondément le travail concret dans les usines, dans les bureaux. Il faut aller vite et produire le plus rapidement possible de la valeur.

3. La concurrence organise l'activité. Il faut être plus rapides que les autres, il faut produire davantage de valeur ajoutée par unité de temps, etc. L'emploi est organisé par un marché du travail. Le temps humain est alors une marchandise comme une autre. Le but des employeurs est logiquement d'en diminuer le coût.

4. Le crédit privé finance l'investissement et la dépense. Ce crédit est assorti de taux d'intérêt qui, combinés à une échelle macro-économique, constituent eux aussi une fonction exponentielle qui concentre mécaniquement la richesse.

Marchandises à prix et capitalisme

On peut imaginer

- des marchandises à prix disponibles sur un marché qui ne soient pas capitalistes.

Par exemple: les marchandises d'un petit artisan sans dette; la part du prix de toutes les marchandises qui correspond à la valeur produite hors du capitalisme par les retraités, les chômeurs, les malades, les médecins, les instituteurs ou les fonctionnaires. Cette part du prix est intégrée via l'impôt pour les salaires des fonctionnaires ou les cotisations sociales pour les salariés hors emploi.

- des marchandises à prix disponibles sur le marché qui soient capitalistes.
C'est le cas de tout ce qui est produit par des sociétés à actions privée dans un but lucratif. Les sodas, les meubles ou le ciment en font généralement partie. Les économistes vulgaires croient et tentent de nous faire croire que ce type de marchandise est le seul qui crée de la valeur économique légitime, « réelle ».

- des biens et des services sans prix qui soient capitalistes.
C'est le cas des dépenses de l'État, les dépenses d'énergie, d'infrastructure ou de restauration immobilière, par exemple. Elles ne coûtent rien directement, elles sont intégrées dans les prix des autres marchandises par l'impôt mais elles sont produites par des sociétés privées selon la logique capitaliste.

- des biens et des services sans prix qui ne soient pas capitalistes.
C'est le cas aussi bien de l'économie domestique vampirisée par l'économie lucrative que des services publics gratuits - les écoles, les hôpitaux, les commissariats, les casernes de pompier, les routes (sauf si elles sont sous-traitées au privé), etc.

La mise en cause de l'emploi et des institutions capitalistes comme rapport d'asservissement exclut la logique capitaliste mais pas nécessairement le marché, l'échange de marchandises à prix. Les prix intègrent la notion de consommation intermédiaire et de valeur ajoutée. Cette valeur ajoutée est créée par les salaires – mais la gratuité rend la nécessité des salaires moins prégnante.