Définition et enjeux

Construction et herméneutique d'une économie de la puissance humaine

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Note 6. les prélèvements et les salaires sont des ajouts de PIB, pas des ponctions

Pour reprendre ce qui a été écrit

Tout se passe comme si les prélèvements étaient des ajouts de PIB et non des ponctions – fût-ce sur les profits.

1. Il nous faut d'abord distinguer la valeur et la valeur d'échange. L'économie s'occupe de production de valeur d'échange, non de valeur d'usage. L'employé est payé non pour produire des biens et des services (s'il en produit, c'est de manière, paradoxalement, accessoire), il est payé pour produire une valeur ajoutée. Cette valeur ajoutée peut ne correspondre à aucune valeur humaine produite - valeur en terme de besoins ou de désirs matériels ou non.

Prenons l'exemple d'une compagnie ferroviaire quelconque. Elle gère des infrastructures de transports, du matériel roulant, du transport de marchandises et de personne. Tous ces différents secteurs se rendent mutuellement service sans qu'il y ait facturation. Dans le cadre de la privatisation en Grande-Bretagne, les différentes sections ont facturé leurs prestations aux autres ce qui a créé de la valeur ajoutée sans le moindre supplément d'activité ou de service produit.

La convention du travail porte sur une création de valeur (d'échange) ajoutée, non sur la façon, l'ouvrage ou la réalisation de biens et de services en particuliers. On peut être payé pour saboter, pour abîmer, pour gâcher, pour salir, pour polluer ... ce qui ôte de la valeur d'usage au cadre de vie de la communauté. De sorte qu'un couvreur n'est pas payé pour faire un toit mais pour produire de la valeur d'échange ajoutée par le biais de chantier. Ceci a l'air anodin mais ne l'est pas du tout puisque la logique de la valeur d'usage voudrait que le toit fût correctement effectué alors que la logique de la valeur d'échange exige que l'ouvrage soit réalisé le plus rapidement possible et que les défauts de façon soient couverts par l'assurance ou invisibles.

2. L'emploi est une convention qui rémunère des gens, les employés, contre un salaire. Cette rémunération sanctionne la création de valeur ajoutée que génère leur activité. La valeur ajoutée, c'est le prix moins les frais.

(1)

Dans la valeur ajoutée, créée par le seul travail abstrait (le capital ne crée pas de valeur, essayez d'enterrer une boîte à chaussure remplie d'argent et, au bout d'un an, je vous promets que n'aurez absolument aucune bonne surprise).

Cette valeur ajoutée est constituée
- des salaires (individuels et socialisés)
- des investissements qui appartiennent aux propriétaires lucratifs alors qu'ils sont produits, comme nous le voyons, par le travail comme valeur ajoutée
- des dividendes reversées aux propriétaires lucratifs comme gabelle, ces propriétaires peuvent être des propriétaires directs, des actionnaires ou des créanciers.


(2)

3. La totalité des valeurs ajoutées à l'échelle d'un pays constitue le PIB (ou PNB selon qu'on tienne compte du territoire sur lequel se déploie l'activité économique ou de la nationalité des acteurs économiques).

4. Les salaires sont constitués par les salaires socialisés et par les salaires individuels. Les salaires individuels figurent sur les fiches de paie. Ils sont néanmoins amputés par les TVA sur la consommation.

Les salaires socialisés sont constitués de
- la sécurité sociale financée par la cotisation sociale
- les salaires des fonctionnaires financés par les impôts.

Pour poursuivre la démonstration

5. Les salaires sociaux ne coûtent rien aux salaires individuels.
Cette notion est peut-être la plus délicate à comprendre dans la démonstration.

Nous avons plusieurs éléments de preuve : quand on rajoute une cotisation sociale ou qu'on l'augmente, cela se répercute sur le PIB, pas par une diminution de salaire individuel.

D'autre part, quand un salaire individuel est amputé de cotisation sociale (c'est le cas, à des degrés divers, de tous les 'contrats aidés', de tous les contrats 'jeunes' et autres monstruosités anti-sociales), on voit que le salaire individuel n'augmente pas (voire diminue).


6. Les salaires sociaux soutiennent les salaires individuels. Ceci est plus simple à comprendre, plus intuitif. Si les chômeurs ou les retraités perdent toute allocation, ils vont chercher un travail à tout prix - y compris au prix du salaire. Ces malheureux vont inéluctablement pousser les salaires de leurs collègues à la baisse.

7. Les salaires - individuels ou sociaux - sont dépensés quasiment intégralement (contrairement aux dividendes). Un salaire dépensé l'est en tant que valeurs ajoutée de certaines productions. Mettons que je dépense mon chômage, mon salaire fonctionnaire ou mon salaire ouvrier à acheter des machins, l'achat de ces machins crée une valeur ajoutée, permet de transformer une production en capital à des entreprises qui, du coup, peuvent tourner.

Petite parenthèse:

En termes marxistes de reproduction du capital, on notera les choses comme suit:

(3)
C - M - M' - C'

Le capital initial est investi en marchandises (y compris de l'emploi, du salaire); il devient d'autres marchandises par la logique de l'emploi, lesquelles sont revendues pour un capital C'. Il est clair que, pour pouvoir vendre M', il faut avoir nécessairement un capital, C', qui est augmenté. Pour que le capital soit augmenté, il faut que la partie réalisée du capital augmente avec

(4)
C'= Investissements + Salaires réalisés

Avec, comme principe, que les bas salaires sont presque intégralement dépensés à terme, comme nous l'avons vu, qu'ils sont réalisés et que seuls les salaires très élevés peuvent épargner - et encore, cette épargne est globalement finalement réalisée à moins d'être un rentier, comme nous l'avons vu.

De ce fait, quand les salaires augmentent (et nous ne distinguons pas les salaires individuels et les salaires socialisés dans notre raisonnement), la valeur ajoutée au terme du processus de production augmente

(5)
M'>M avec C'>C

Cela vous paraît incroyable que le client avec son salaire crée l'activité ? Il crée en tout cas le prix, la valeur ajoutée de la marchandise et les autres éléments inclus dans ce prix. Voyez le taux de chômage, voyez la rage avec laquelle la publicité tente de conquérir ledit client, voyez, tenez, par exemple, les sandwicheries qui fleurissent autour des lycées. Sommes-nous dans une économie qui ne produit pas assez ou dans une économie dont le problème est de trouver des marchés solvables pour écouler sa production? Pourquoi les sandwicheries apparaissent-elles près des écoles, là où les collégiens se bousculent pour acheter leur collation, et non là où les boulangers abondent ?

8. Quand on met ces éléments ensemble, on constate que le chômeur, le retraité ou le fonctionnaire créent le salaire socialisés qu'ils touchent ou, pour le dire autrement, s'ils cessaient de toucher leurs indemnités, elles iraient d'abord aux dividendes. Comme les entreprises sont en concurrence entre elles, elles seraient finalement amenées à diminuer leur taux de bénéfice ce qui ramènerait les valeurs ajoutée à leur niveau de départ diminué des salaires sociaux.

Donc, les gens qui touchent les salaires sociaux les créent en tant que valeurs économiques. Si on supprime ces salaires sociaux, on ampute le PIB d'autant sans que personne n'en profite.

Il y a mieux : comme les salaires se contractent avec la diminution des salaires sociaux, la demande diminue. Comme la demande diminue, la valeur ajoutée totale diminue, ce qui pousse à comprimer les salaires, comme les salaires sont diminués, la demande se contracte, etc.

C'est ce qu'on appelle une crise de surproduction.